La détention de parts de Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) constitue une stratégie d’investissement prisée pour la génération de revenus complémentaires. Dans un contexte conjugal, la question de la répartition fiscale de ces revenus fonciers revêt une dimension stratégique majeure. Entre imposition commune et possibilités d’optimisation, les couples disposent de plusieurs leviers pour structurer efficacement leur patrimoine SCPI. Cette dimension fiscale, souvent négligée lors de l’acquisition, peut pourtant générer des économies substantielles ou, à l’inverse, alourdir inutilement la pression fiscale du foyer. Examinons les mécanismes, stratégies et précautions à connaître pour une gestion optimale des revenus fonciers issus de SCPI au sein du couple.
Les fondamentaux de la fiscalité des SCPI pour les couples
La fiscalité applicable aux revenus fonciers générés par les SCPI repose sur des principes qu’il convient de maîtriser avant d’aborder les stratégies de répartition entre conjoints. Ces revenus sont soumis au même régime fiscal que les revenus provenant de la location nue d’un bien immobilier détenu directement.
Dans le cadre d’un couple marié ou pacsé soumis à imposition commune, les revenus fonciers sont par défaut déclarés au nom des deux membres du foyer fiscal. Toutefois, la répartition de ces revenus peut être optimisée selon différents critères, notamment le régime matrimonial, les taux marginaux d’imposition de chacun des époux, ou encore la stratégie patrimoniale globale du couple.
Pour comprendre les enjeux de cette répartition, rappelons que les revenus fonciers issus des SCPI sont taxés selon deux modalités principales :
- Le régime micro-foncier : applicable automatiquement lorsque les revenus fonciers bruts du foyer fiscal n’excèdent pas 15 000 euros annuels, avec un abattement forfaitaire de 30% sur les revenus bruts.
- Le régime réel : obligatoire au-delà de 15 000 euros de revenus fonciers annuels, ou sur option irrévocable pendant trois ans, permettant de déduire les charges effectives.
Le taux d’imposition applicable dépend ensuite du barème progressif de l’impôt sur le revenu, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux au taux global de 17,2%. Cette fiscalité peut représenter une charge significative, d’où l’intérêt d’une stratégie de répartition adaptée au sein du couple.
La détention de parts de SCPI peut s’effectuer selon différentes modalités juridiques qui influencent directement la répartition fiscale :
- En nom propre par l’un des époux ou partenaires
- En indivision entre les époux ou partenaires
- En communauté pour les couples mariés sous ce régime
Chaque mode de détention engendre des conséquences fiscales spécifiques. Par exemple, dans le cas d’une acquisition en nom propre, seul le détenteur des parts sera imposé sur les revenus correspondants. En revanche, pour une détention en indivision, chaque indivisaire sera imposé à hauteur de sa quote-part dans l’indivision.
Pour les couples non mariés ni pacsés, chaque partenaire constitue un foyer fiscal distinct. Les revenus fonciers sont alors imposés séparément, selon la répartition de propriété des parts de SCPI. Cette situation peut offrir des opportunités d’optimisation fiscale, notamment lorsque les deux partenaires présentent des tranches marginales d’imposition différentes.
Avant d’envisager toute stratégie de répartition, les couples doivent donc identifier précisément leur situation matrimoniale, leur régime fiscal applicable, et les caractéristiques de détention de leurs parts de SCPI. Cette analyse préalable conditionne la pertinence des choix à effectuer.
Impact du régime matrimonial sur la répartition des revenus SCPI
Le régime matrimonial constitue un élément déterminant dans la stratégie de répartition des revenus fonciers issus de SCPI. Chaque régime induit des règles spécifiques qui influencent directement l’attribution fiscale des revenus entre les époux.
Couples mariés sous le régime de la communauté
Pour les couples mariés sous un régime de communauté (légale ou conventionnelle), les parts de SCPI acquises pendant le mariage avec des fonds communs appartiennent à la communauté. Par conséquent, les revenus générés par ces parts sont réputés appartenir pour moitié à chaque époux, indépendamment de celui qui a financé l’acquisition ou au nom duquel les parts sont inscrites.
Cette règle s’applique même si les parts sont formellement détenues par un seul des époux. Sur le plan fiscal, les revenus fonciers seront donc automatiquement répartis à 50/50 entre les époux lors de la déclaration commune.
En revanche, si les parts de SCPI ont été acquises par l’un des époux avant le mariage, ou pendant le mariage mais avec des fonds propres (donation, héritage), elles constituent des biens propres. Dans ce cas, les revenus générés par ces parts sont considérés comme des revenus propres à l’époux propriétaire.
Toutefois, dans le cadre de la déclaration commune d’impôt sur le revenu, ces revenus propres seront intégrés à l’ensemble des revenus du foyer fiscal. La distinction entre revenus communs et revenus propres n’a donc pas d’incidence directe sur l’imposition globale, mais elle peut jouer un rôle dans le cadre d’une dissolution du mariage ou de certaines stratégies patrimoniales.
Couples mariés sous le régime de la séparation de biens
Pour les couples mariés sous le régime de la séparation de biens, chaque époux reste propriétaire des biens qu’il acquiert pendant le mariage. Les parts de SCPI appartiennent donc exclusivement à l’époux qui les a acquises, et les revenus générés sont considérés comme ses revenus personnels.
Néanmoins, dans le cadre de l’imposition commune, ces revenus sont intégrés à l’ensemble des revenus du foyer fiscal. La distinction entre les revenus propres à chaque époux n’a donc pas d’impact direct sur le montant global de l’impôt dû.
Cette situation offre cependant une flexibilité accrue pour optimiser la répartition des revenus entre époux. En effet, les époux peuvent choisir d’acquérir des parts de SCPI au nom de l’un ou de l’autre, ou encore en indivision selon une répartition qu’ils déterminent librement.
Cas de l’indivision entre époux
L’indivision constitue une modalité de détention particulièrement intéressante pour les couples, qu’ils soient mariés sous un régime de séparation de biens ou non mariés. Dans ce cas, les parts de SCPI sont détenues conjointement, avec une quote-part définie pour chaque indivisaire.
Sur le plan fiscal, les revenus fonciers sont alors répartis entre les indivisaires proportionnellement à leurs droits dans l’indivision. Cette répartition peut être modulée lors de l’acquisition des parts, en fonction des objectifs fiscaux et patrimoniaux du couple.
Par exemple, un couple pourrait choisir d’acquérir des parts de SCPI en indivision à hauteur de 30% pour l’époux et 70% pour l’épouse, si cette répartition permet d’optimiser leur situation fiscale globale.
Le choix du régime matrimonial et du mode de détention des parts de SCPI doit donc s’inscrire dans une réflexion globale, intégrant à la fois les objectifs fiscaux immédiats et les considérations patrimoniales à long terme. Une analyse détaillée de la situation personnelle et financière du couple est indispensable pour déterminer la stratégie optimale.
Stratégies d’optimisation fiscale pour les couples détenteurs de SCPI
La répartition judicieuse des revenus fonciers issus de SCPI au sein du couple peut générer des économies fiscales substantielles. Plusieurs stratégies d’optimisation peuvent être envisagées, en fonction de la situation spécifique des conjoints ou partenaires.
Équilibrage des tranches marginales d’imposition
L’une des stratégies les plus efficaces consiste à attribuer préférentiellement les revenus fonciers au conjoint soumis à la tranche marginale d’imposition la plus faible. Cette approche est particulièrement pertinente pour les couples présentant une disparité significative de revenus.
Par exemple, si l’un des conjoints est imposé à la tranche de 30% tandis que l’autre relève de la tranche à 11%, l’acquisition de parts de SCPI au nom du second conjoint permettra de minimiser l’impact fiscal global sur le foyer.
Pour les couples mariés sous le régime de la séparation de biens ou les couples non mariés, cette stratégie est relativement simple à mettre en œuvre, puisqu’il suffit d’acquérir les parts au nom du conjoint le moins imposé.
Pour les couples mariés sous un régime de communauté, la situation est plus complexe. Néanmoins, plusieurs options restent envisageables :
- Acquisition de parts avec des fonds propres par le conjoint le moins imposé
- Donation de fonds propres d’un conjoint à l’autre préalablement à l’acquisition
- Acquisition en démembrement croisé
Utilisation stratégique du démembrement
Le démembrement de propriété constitue un levier d’optimisation particulièrement puissant. Cette technique consiste à séparer la nue-propriété de l’usufruit des parts de SCPI, permettant ainsi une répartition optimisée des revenus et des charges fiscales.
Dans le cadre d’un couple, plusieurs configurations de démembrement peuvent être envisagées :
Le démembrement classique : l’un des conjoints détient la nue-propriété tandis que l’autre détient l’usufruit. Cette configuration permet d’attribuer l’intégralité des revenus fonciers à l’usufruitier, qui sera seul imposé. Cette stratégie est particulièrement intéressante lorsque l’usufruitier dispose d’une tranche marginale d’imposition inférieure à celle du nu-propriétaire.
Le démembrement croisé : chaque conjoint est nu-propriétaire d’une fraction des parts dont l’autre est usufruitier. Cette configuration complexe permet une répartition équilibrée des revenus et des charges fiscales entre les conjoints.
Le démembrement peut être mis en place dès l’acquisition des parts de SCPI, ou ultérieurement par le biais d’une donation de l’usufruit ou de la nue-propriété. Dans tous les cas, cette stratégie doit s’inscrire dans une vision à long terme, prenant en compte l’évolution prévisible de la situation personnelle et fiscale du couple.
Optimisation par l’indivision modulée
Pour les couples non mariés ou mariés sous le régime de la séparation de biens, l’acquisition de parts de SCPI en indivision offre une flexibilité maximale dans la répartition des revenus fonciers.
En effet, les quotes-parts dans l’indivision peuvent être calibrées précisément en fonction des objectifs fiscaux du couple. Il est ainsi possible de définir une répartition 70/30, 80/20, ou toute autre proportion, afin d’attribuer une part prépondérante des revenus au conjoint le moins imposé.
Cette stratégie présente l’avantage d’être transparente fiscalement et juridiquement, tout en offrant une grande souplesse. Elle permet également d’ajuster la répartition des droits au fil du temps, en fonction de l’évolution de la situation fiscale des conjoints.
Il convient toutefois de noter que l’indivision implique des contraintes spécifiques, notamment en termes de gestion (principe d’unanimité pour les décisions importantes) et de sortie (droit de préemption des co-indivisaires en cas de cession de quote-part). Ces aspects doivent être intégrés à la réflexion globale.
Arbitrage entre régimes fiscal micro-foncier et réel
Le choix entre le régime micro-foncier et le régime réel d’imposition constitue un autre levier d’optimisation pour les couples détenteurs de SCPI.
Une répartition stratégique des parts entre les conjoints peut permettre à chacun de rester sous le seuil des 15 000 euros de revenus fonciers annuels, ouvrant ainsi la possibilité d’opter pour le régime micro-foncier avec son abattement forfaitaire de 30%.
À l’inverse, concentrer les parts sur un seul conjoint peut s’avérer plus avantageux lorsque les charges déductibles sous le régime réel sont significatives (travaux, intérêts d’emprunt, etc.), permettant ainsi de maximiser les déductions fiscales.
Cette stratégie requiert une analyse précise de la structure des revenus et des charges foncières du couple, ainsi qu’une projection sur plusieurs années pour déterminer l’option la plus avantageuse sur le long terme.
Cas particuliers et situations spécifiques
La répartition des revenus fonciers issus de SCPI peut être influencée par diverses situations particulières qui méritent une attention spécifique. Ces cas atypiques nécessitent souvent des stratégies adaptées pour optimiser la fiscalité du couple.
Couples avec statuts professionnels distincts
Lorsque l’un des membres du couple exerce une activité professionnelle indépendante (profession libérale, commerçant, artisan), la répartition des revenus fonciers peut interagir avec d’autres considérations fiscales et sociales.
Pour un professionnel soumis aux cotisations sociales sur ses revenus d’activité, il peut être préférable d’attribuer les revenus fonciers au conjoint salarié. En effet, les revenus fonciers ne sont pas soumis aux cotisations sociales des indépendants, mais uniquement aux prélèvements sociaux au taux de 17,2%.
À l’inverse, dans certaines situations de déficit foncier, l’imputation de ce déficit sur les revenus professionnels du conjoint indépendant peut générer une économie fiscale supérieure.
Pour les couples dont l’un des membres bénéficie d’un régime fiscal privilégié (par exemple, les expatriés bénéficiant d’exonérations partielles), une répartition adéquate des revenus fonciers peut permettre de maximiser les avantages fiscaux associés.
Gestion des déficits fonciers
La répartition des parts de SCPI peut également être optimisée en fonction des possibilités d’imputation des déficits fonciers. Ces déficits, générés notamment par des travaux déductibles, peuvent être imputés sur le revenu global dans la limite annuelle de 10 700 euros.
Pour un couple marié ou pacsé soumis à imposition commune, cette limite s’applique au niveau du foyer fiscal, indépendamment de la répartition des parts entre les conjoints. Toutefois, pour les couples non mariés ni pacsés, chaque partenaire dispose de sa propre limite d’imputation de 10 700 euros.
Cette distinction peut justifier, pour les couples non mariés, une répartition équilibrée des parts de SCPI susceptibles de générer des déficits, afin de maximiser les possibilités d’imputation sur les revenus globaux des deux partenaires.
Par ailleurs, la fraction du déficit foncier excédant la limite d’imputation sur le revenu global, ou correspondant aux intérêts d’emprunt, est exclusivement imputable sur les revenus fonciers des dix années suivantes. Une stratégie de répartition des parts peut donc viser à optimiser l’utilisation de ces déficits reportables, en fonction des perspectives de revenus fonciers futurs de chaque membre du couple.
Investissement en SCPI de déficit foncier
Les SCPI de déficit foncier constituent un cas particulier méritant une attention spécifique. Ces SCPI, spécialisées dans l’acquisition et la rénovation d’immeubles anciens, génèrent d’importants déficits fonciers imputables sur le revenu global.
Pour les couples, la répartition de ce type de SCPI doit prendre en compte plusieurs facteurs :
- Le niveau de revenu global de chaque conjoint
- L’existence d’autres revenus fonciers positifs pouvant absorber les déficits
- La capacité à respecter l’engagement de conservation des parts pendant trois ans
Dans certains cas, il peut être avantageux de concentrer les parts de SCPI de déficit foncier sur le conjoint présentant le revenu global le plus élevé, afin de maximiser l’économie fiscale générée par l’imputation du déficit.
À l’inverse, une répartition équilibrée peut s’avérer préférable lorsque les deux conjoints disposent de revenus globaux significatifs, permettant ainsi d’optimiser l’utilisation de la limite d’imputation de 10 700 euros pour chacun (dans le cas de couples non mariés ni pacsés).
Acquisition en démembrement temporaire
Le démembrement temporaire des parts de SCPI constitue une stratégie sophistiquée particulièrement adaptée à certaines situations conjugales. Contrairement au démembrement classique, le démembrement temporaire prévoit une durée limitée (généralement entre 5 et 15 ans) au terme de laquelle l’usufruit rejoint la nue-propriété.
Cette configuration peut être pertinente dans plusieurs cas :
Pour les couples présentant une forte disparité de revenus temporaire (par exemple, lors d’un congé parental ou d’une période de formation professionnelle), l’attribution de l’usufruit temporaire au conjoint temporairement moins imposé peut générer une économie fiscale significative.
Pour les couples approchant de la retraite, l’acquisition en nue-propriété par le conjoint actif et en usufruit par le conjoint proche de la retraite permet d’anticiper la baisse de revenus de ce dernier et d’optimiser la fiscalité future du couple.
Le démembrement temporaire présente l’avantage d’être parfaitement encadré sur le plan juridique et fiscal, offrant ainsi une sécurité accrue par rapport à d’autres stratégies d’optimisation plus complexes.
Précautions juridiques et aspects pratiques de la répartition
La mise en œuvre d’une stratégie de répartition des revenus fonciers issus de SCPI au sein du couple nécessite diverses précautions juridiques et pratiques pour sécuriser l’optimisation fiscale et prévenir d’éventuelles complications.
Formalisation juridique de la répartition choisie
Quelle que soit la stratégie de répartition retenue, sa formalisation juridique constitue une étape fondamentale pour garantir sa validité et son opposabilité à l’administration fiscale.
Pour une acquisition en indivision, il est vivement recommandé d’établir une convention d’indivision précisant les quotes-parts respectives des indivisaires, les modalités de gestion des parts, et les conditions de sortie de l’indivision. Ce document, idéalement établi par acte notarié, permettra de prévenir d’éventuels litiges et de justifier la répartition fiscale adoptée.
Dans le cas d’un démembrement de propriété, l’acte d’acquisition ou de donation doit clairement spécifier la répartition entre nue-propriété et usufruit, ainsi que les modalités d’évaluation respectives. Pour un démembrement temporaire, la durée de l’usufruit et les conditions de sa réunion à la nue-propriété doivent être explicitement mentionnées.
Pour les couples mariés sous le régime de la communauté, l’acquisition de parts de SCPI avec des fonds propres doit faire l’objet d’une traçabilité rigoureuse. Il est recommandé d’établir une déclaration d’emploi permettant de justifier l’origine des fonds et le caractère propre des parts acquises.
Traçabilité des flux financiers
La traçabilité des flux financiers constitue un élément déterminant pour justifier la répartition fiscale des revenus fonciers. Cette traçabilité doit être assurée à plusieurs niveaux :
- Lors de l’acquisition des parts, en veillant à ce que les fonds proviennent effectivement du compte bancaire du conjoint qui sera fiscalement imposé
- Pour la perception des revenus, en s’assurant que les distributions sont versées sur le compte du détenteur des parts ou selon la quote-part prévue en cas d’indivision
- En cas de revente des parts, en vérifiant que le prix de cession est bien versé aux propriétaires dans les proportions correspondant à leurs droits
Cette traçabilité est particulièrement cruciale en cas de contrôle fiscal, car l’administration peut remettre en cause une répartition qui ne correspondrait pas à la réalité économique des flux financiers.
Pour les couples mariés sous un régime de communauté, il peut être judicieux de maintenir des comptes bancaires séparés pour les opérations liées aux biens propres, afin de faciliter cette traçabilité.
Incidences sur la gestion patrimoniale globale
La stratégie de répartition des revenus fonciers ne doit pas être envisagée isolément, mais s’intégrer dans une réflexion sur la gestion patrimoniale globale du couple.
La répartition des parts de SCPI peut en effet avoir des incidences sur d’autres aspects patrimoniaux :
En matière de succession, la détention de parts en nom propre, en indivision ou en démembrement engendre des conséquences distinctes sur la transmission du patrimoine. Une répartition optimale sur le plan fiscal peut parfois s’avérer sous-optimale dans une perspective successorale.
En cas de divorce ou de séparation, la liquidation du régime matrimonial peut être complexifiée par certaines stratégies de répartition, notamment en cas de démembrement croisé ou d’indivision avec quotes-parts inégales.
Dans une optique de protection du conjoint, certaines configurations de détention peuvent s’avérer plus protectrices que d’autres, notamment en présence d’enfants issus d’unions précédentes.
Il est donc recommandé d’adopter une approche holistique, intégrant à la fois les considérations fiscales immédiates et les objectifs patrimoniaux à long terme du couple.
Évolution et adaptation de la stratégie dans le temps
Une stratégie de répartition des revenus fonciers n’est pas figée et doit pouvoir s’adapter à l’évolution de la situation personnelle, professionnelle et fiscale du couple.
Plusieurs événements peuvent justifier une révision de la stratégie initiale :
- Un changement significatif dans les revenus de l’un des conjoints
- Une modification du régime matrimonial
- L’arrivée à échéance d’un démembrement temporaire
- Une évolution de la législation fiscale
Il est recommandé de procéder à un audit régulier de la stratégie de répartition, idéalement tous les trois à cinq ans, afin de vérifier sa pertinence et de l’ajuster si nécessaire.
Cette adaptation peut prendre diverses formes : donation de parts entre époux, modification des quotes-parts en indivision, nouveau démembrement, etc. Chacune de ces opérations doit être soigneusement analysée sur le plan fiscal et juridique avant d’être mise en œuvre.
Vers une approche dynamique et personnalisée de la fiscalité SCPI en couple
La gestion fiscale des revenus fonciers issus de SCPI au sein du couple requiert une approche dynamique, personnalisée et prospective. Au-delà des techniques d’optimisation présentées, c’est la cohérence globale de la stratégie qui garantira son efficacité sur le long terme.
Personnalisation selon le profil du couple
Chaque couple présente un profil unique, caractérisé par des paramètres multiples : régime matrimonial, structure des revenus, horizon d’investissement, objectifs patrimoniaux, etc. La stratégie de répartition des revenus fonciers doit être calibrée précisément en fonction de ces spécificités.
Pour un jeune couple en phase de constitution de patrimoine, avec des revenus en progression, une approche flexible privilégiant l’indivision ou l’acquisition alternée peut s’avérer pertinente. Cette configuration permettra d’ajuster facilement la répartition au fil de l’évolution professionnelle des conjoints.
Pour un couple senior approchant de la retraite, une stratégie axée sur le démembrement temporaire peut optimiser la transition vers une nouvelle structure de revenus, tout en préparant la transmission patrimoniale.
Pour un couple recomposé avec enfants d’unions précédentes, la dimension successorale prendra une importance accrue dans le choix de la répartition, pouvant justifier des montages plus sophistiqués intégrant assurance-vie et démembrement.
Cette personnalisation nécessite une analyse approfondie de la situation globale du couple, idéalement avec l’accompagnement d’un conseiller spécialisé en gestion de patrimoine, capable d’appréhender les multiples dimensions du projet.
Anticipation des évolutions législatives
La fiscalité immobilière fait l’objet de modifications fréquentes, susceptibles d’affecter significativement la pertinence d’une stratégie de répartition des revenus fonciers. L’anticipation de ces évolutions constitue un élément clé d’une approche dynamique.
Plusieurs tendances peuvent être identifiées et intégrées à la réflexion stratégique :
Les débats récurrents sur la réforme de la fiscalité du patrimoine, avec des propositions visant à modifier l’imposition des revenus fonciers ou à transformer l’impôt sur la fortune immobilière.
L’évolution des prélèvements sociaux, dont le taux a connu plusieurs augmentations successives au cours des dernières décennies.
Les modifications potentielles des règles d’imputation des déficits fonciers, qui constituent un levier d’optimisation majeur pour certains investissements en SCPI.
Face à ces incertitudes, une approche prudente consiste à privilégier les stratégies robustes, susceptibles de conserver leur pertinence même en cas d’évolution législative modérée. Les montages excessivement sophistiqués, reposant sur des dispositions fiscales spécifiques, présentent un risque d’obsolescence accru.
Intégration dans une stratégie patrimoniale globale
La répartition des revenus fonciers issus de SCPI ne constitue qu’un élément d’une stratégie patrimoniale globale. Son articulation avec les autres composantes du patrimoine du couple est fondamentale pour garantir la cohérence de l’ensemble.
Cette intégration doit prendre en compte plusieurs dimensions :
- La diversification du patrimoine entre les différentes classes d’actifs (immobilier direct, SCPI, valeurs mobilières, assurance-vie, etc.)
- L’équilibre entre la constitution de patrimoine pour chacun des conjoints
- La préparation de la transmission aux héritiers
- La protection du conjoint survivant
Une répartition optimale des revenus fonciers peut parfois entrer en tension avec d’autres objectifs patrimoniaux. Par exemple, concentrer les parts de SCPI sur le conjoint le moins imposé peut créer un déséquilibre patrimonial potentiellement problématique en cas de séparation.
La recherche d’un équilibre entre optimisation fiscale immédiate et sécurisation patrimoniale à long terme constitue donc un enjeu majeur de la stratégie globale du couple.
Vers un accompagnement professionnel personnalisé
La complexité des interactions entre fiscalité des SCPI, régimes matrimoniaux et stratégie patrimoniale justifie pleinement le recours à un accompagnement professionnel personnalisé.
Cet accompagnement peut être assuré par différents intervenants, selon la complexité de la situation :
Un conseiller en gestion de patrimoine indépendant, capable d’appréhender l’ensemble des dimensions du projet et de coordonner les interventions des autres professionnels.
Un notaire, particulièrement pertinent pour les aspects liés au régime matrimonial et à la transmission du patrimoine.
Un avocat fiscaliste, dont l’expertise sera précieuse pour les montages complexes ou les situations atypiques.
Un expert-comptable, notamment pour les couples dont l’un des membres exerce une activité indépendante.
L’intervention de ces professionnels permettra non seulement d’optimiser la stratégie initiale, mais également d’assurer son suivi et son adaptation au fil du temps et des évolutions législatives.
En définitive, la répartition des revenus fonciers issus de SCPI au sein du couple constitue un exercice d’équilibre entre optimisation fiscale immédiate et construction patrimoniale durable. Une approche personnalisée, dynamique et intégrée à la stratégie globale du couple garantira la pertinence et l’efficacité des choix effectués.
